By Longtemps cantonné à un rôle secondaire dans les habitudes de consommation, le café s’impose désormais comme un nouvel art de vivre à Maurice. Entre l’essor des coffee shops, l’émergence de torréfacteurs artisanaux et le lancement du tout premier Mauritius Coffee Festival, l’île connaît un véritable éveil caféiné.
Un événement pionnier et une équipe de passionnés
À Moka, les 30 et 31 août, l’air avait une odeur de moka justement. Entre deux bâtiments du Vivea Business Park, les effluves de grains fraîchement moulus attiraient les curieux. Plus de 1 200 personnes ont répondu présent pour cette première édition, marquant un tournant pour la filière dans l’océan Indien. Pendant deux jours, l’île a vibré au rythme du café.
Cet événement, porté par Calvin Gunness- fort de plus de dix ans d’expérience dans la finance, de l’industrie pharmaceutique à l’immobilier et à la banque privée, Keshmi Gopal- spécialiste en communication et Tehseen Atchiah Abdoolah-pharmacienne de formation, a rassemblé baristas, torréfacteurs, producteurs et grand public.
Au programme : concours de latte art mettant en avant la créativité des baristas, ateliers sensoriels pour apprendre à distinguer les arômes et les profils gustatifs, conférences sur l’avenir du café et les opportunités pour les entrepreneurs, ainsi qu’un marché gourmand proposant dégustations et ventes de cafés de spécialité.
Calvin précise que l’idée est née après avoir assisté à des festivals de café à l’étranger : «Cela m’a fasciné de voir comment un seul événement pouvait être à la fois divertissant, éducatif, compétitif et fédérateur. J’ai voulu offrir cette expérience aux Mauriciens et créer un espace où vendeurs et connaisseurs peuvent partager leur savoir-faire et faire grandir la culture café sur l’île. »
Une consommation en hausse
Selon les importateurs, la consommation de café a fortement augmenté ces dernières années. Les Mauriciens, autrefois fidèles au café soluble, se tournent de plus en plus vers des produits de meilleure qualité et découvrent les méthodes d’extraction modernes.
Les enseignes locales et internationales l’ont bien compris : les coffee shops se multiplient dans les zones urbaines, offrant une expérience sensorielle et conviviale.
Pour Dhavina, 37 ans, le café est un rituel sacré : « Je ne sors jamais de la maison sans mon café. C’est mon moment à moi, avant d’affronter la journée. Et je préfère maintenant aller chercher mon latte dans un petit coffee shop que me contenter d’un café soluble. »
Même son de cloche pour Dhanista, qui voit les coffee shops comme des lieux de rencontre et d’inspiration : « J’adore travailler depuis un café, laptop ouvert, avec un flat white à la main. Ce festival m’a permis de découvrir des torréfacteurs mauriciens et des recettes originales. »
Maurice se classe 65ᵉ sur 161 pays
Même si le nombre exact de buveurs de café n’est pas connu, Maurice a consommé en moyenne 3,66 kg de café par habitant en 2021, selon Helgi Library. La consommation par habitant avait atteint un pic en 2020 avec 3,85 kg, avant de connaître une légère baisse. En comparaison, en 1969, elle n’était que de 0,03 kg : un bond spectaculaire en quelques décennies.
Sur le plan international, Maurice se classe 65ᵉ sur 161 pays pour la consommation par habitant. Si l’île n’appartient pas encore aux plus grands consommateurs mondiaux, ces données illustrent néanmoins l’intérêt croissant des Mauriciens pour cette boisson et leur volonté de s’approprier une véritable culture café.
L’équipe de Coffee & Co. prévoit déjà de nouvelles éditions et des projets pour élargir sa plateforme. « Notre mission reste la même : éduquer, divertir et faire évoluer la culture café à Maurice. Et nous ne faisons que commencer. »
Avec plus de 1 200 participants pour une première édition, l’engouement du public et l’énergie de passionnés comme Calvin, Keshmi et Tehseen, Maurice semble prête à se tailler une place dans la carte mondiale des destinations café.
